Politique française: le New-York Times appuie là où ça fait mal… à la démocratie

Il ne m’aura fallu que quelques jours sans internet pour mesurer l’incroyable et dangereuse capacité de rebond de Nicolas Sarkozy. Ayant quitté l’hexagone le 27 juillet dernier, j’en étais benoîtement resté à « l’affaire Woerth » et à ses innombrables rebondissements. Affaire qui tardait à devenir d’Etat mais qui ne manquait tout de même pas d’intérêt.

Huit jours plus tard, désormais installé à Montréal et ayant retrouvé l’usage de mon ordinateur portable, enfin relié au reste du monde, je découvre le « discours de Grenoble », les expulsions de Roms, celles des mal-logés de la Courneuve, les déclarations ahurissantes du plus stupide des petits soldats de Sarkozy, celles tout aussi stupéfiantes sur la déchéance de la nationalité française, ou encore l’éditorial du New-York Times qui tape là où ça fait mal: à la démocratie. Le quotidien américain n’hésite pas à évoquer « la xénophobie » qui transpire de la politique menée par le président français et son gouvernement:

« All of this in a country that has long proudly upheld the principle that all French citizens — native-born or naturalized — are entitled to equal treatment under the law. That applies to Mr. Sarkozy’s Hungarian-born father and Italian-born wife, both naturalized French citizens, and should apply to everyone else. »

Et pan, sur les doigts. Il ne suffit cependant pas que le très sérieux N-Y Times s’en mêle pour que la face de la France en soit changée.

Et l’affaire Woerth dans tout ça ?

Eric Woerth, lui, est sans doute parti en vacances, au soleil, histoire d’oublier ses tracas des dernières semaines. Depuis le lointain Canada, il me donne en tout cas l’impression d’avoir disparu de la circulation. De la manière de détourner l’attention en plein chassé-croisé estival. Sarkozy fait diversion. Au sortir du dernier conseil des ministres, le président français aura tapé sur l’épaule de son fidèle ministre en lui disant: « Ne t’inquiète pas, Eric, je m’occupe de tout. Je vais te faire oublier, partez tranquilles vous reposer, Florence et toi, lorsque vous rentrerez, il n’y paraîtra plus ! » Et Woerth, qui connaît la capacité de nuisance de son cher président, de partir tout sourire profiter de ses congés payés.

Ayant quitté la France moins pour des raisons politiques – faut pas pousser quand même – que pour vivre une aventure différente dans un pays différent, je reste abasourdi face aux mesures annoncées, spectacle sordide offert par un gouvernement dépassé par ses échecs, qui n’a d’autres solutions que d’allumer de nouveaux contre-feux. Sarkozy est un vilain garçon qui joue avec la démocratie comme avec un toy qui ne lui appartiendrait pas et qu’il va, précisément pour cette raison, finir par casser. Populisme et démagogie… le Front National n’en demandait pas tant.

Amalgames

Et que l’on ne me fasse pas croire que certains, à droite, sont gênés par les déclarations du président français, par les amalgames entre déchéance de la nationalité, délinquance et jeunes français issus de l’immigration. Le « droit à la nuance » défendu par Eric Besson, n’est qu’un écran de fumée. A quel degré de nuance peut-il prétendre, lui, le ministre de l’identité nationale et de l’immigration ? A quel degré de nuance peut prétendre un tel gouvernement ?

Quelles seront les conséquences de la politique à courte-vue du président français ? De l’impact sur l’opinion public de l’annonce de ces mesures ? Certains sondages publiés en fin de semaine dernière (sondages pour Le Figaro et L’Humanité) ont déjà donné une idée de ce que pensent les « Français » de la déchéance de la nationalité notamment. Et il n’y a là rien de bien rassurant…