C’est pourtant beau une ville vue d’en haut

D’une certaine façon, Montréal est une ville plate. Pas au sens québécois du terme (ennuyeux). Il s’agit plutôt de relief et de verticalité. Bien sûr, il y a le Mont Royal, le centre d’affaires et ses gratte-ciel, la tour panoramique du stade olympique et celle de Radio Canada… mais après ? C’est curieux, parfois déstabilisant, une ville qui offre rarement des points de vue au piéton, où l’horizon n’apparaît jamais au détour d’une rue, comme ça, à l’improviste.

J’avais déjà remarqué ça dans d’autres villes: la respiration empêchée par le manque d’horizon, la ville qui étouffe parce qu’elle n’offre pas ces fenêtres sur l’extérieur. A Marseille, avec les percées vers le large, les rues dégagées et même avec ce relief des collines, il existait des respirations, mais jamais suffisantes. Combien de fois d’ailleurs la mer m’est apparue exactement inaccessible ?

Dans le bureau partagé où je suis niché depuis quelques jours, l’idée m’est revenue à l’esprit. Peut-on s’évader de Montréal tout en y demeurant ? Situé au dixième étage d’un ancien bâtiment industriel encore pour partie en activité – textile – et transformé en « bureaux » et ateliers pour une autre, cet espace de coworking surplombe une belle partie de Montréal. Dans ce cas précis, la réponse à la question qui précède est oui.

Situés rue Gaspé, ces bâtiments ont été édifiés sur ce qui me donne l’impression d’être un léger promontoire. Ce qui accroît la sensation de dominer la ville. Le bureau est orienté « Sud-Est », autrement dit il regarde vers le Saint-Laurent…

Le bureau partagé est situé dans le bloc d’immeubles au fond à gauche

Il ne fait pas tous les jours aussi beau (et froid, mais ça ne se voit pas sur les photos ci-dessous). Avoir un peu de profondeur de champ, cela dit, ça fait du bien. Avec un ciel dégagé comme ce fut le cas ce jour-là, on peut voir jusqu’au mont Saint-Hilaire, par-delà le Saint-Laurent.

Ou bien:

Ou encore:

En règle générale, hormis les tours du quartier d’affaires, l’architecture montréalaise n’est pas vraiment portée sur les immeubles grande hauteur. La ville de Montréal impose d’ailleurs des limites aux gratte-ciel pour qu’ils ne puissent pas dépasser le Mont Royal, qui culmine à 234 mètres. La ville interdit en fait à tout bâtiment d’atteindre une altitude supérieure à 223 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Cela dit, pour le piéton qui n’a pas la chance de profiter de la baie vitrée du bureau partagé Exeko, le regard peut-il porter aussi loin ou presque sans artifice ? La trame urbaine de la ville et l’absence de relief ne permettent pas vraiment de dégager des perspectives surprenantes pour l’oeil. Encore une fois, le Mont Royal est idéal pour prendre de l’altitude, mais on ne passe pas chaque matin par le belvédère de la « Montagne ».

La longueur et le caractère rectiligne des rues et boulevards pourraient permettre ces dégagements, ces percées vers le large. Or, c’est tout le contraire semble-t-il: c’est parce qu’elles donnent l’impression d’être sans fin que les artères montréalaises ne se laissent pas facilement « percer ». Autrement dit: on n’en voit jamais le bout ! A part peut-être au bord du « plateau », le long de la rue Sherbrooke, en regardant vers le Saint-Laurent, certaines rues offrent-elles ces petites respirations.

Bon, en attendant de poursuivre à la fonte des neiges mon exploration des rues avec vue, rien ne vaut une virée en haut de la tour panoramique du stade olympique pour s’aérer les yeux.

Vue depuis la tour du stade olympique (Andrei Tilin).

Ou au somment du Mont Royal.

Ou encore sur le site de Montréal Vu du ciel (et même en 3D).

Allez, prochain billet: les catacombes