Et voilà que M. Harper, premier ministre canadien, avoue un penchant pour la peine de mort…

Stephen Harper, PM canadien / Federal Government (Germany)/ REGIERUNGonline / Steins

Ultra-conservateur, on vous dit. Après les débats troublés de ces derniers mois autour du droit à l’avortement ou des armes à feu, des débats ravivés par les siens, le Premier ministre canadien a de nouveau fait étalage de ses convictions profondes, cette fois-ci en reconnaissant être « personnellement favorable » à la peine capitale « dans certains cas ». La peine de mort a été abolie au Canada en 1976.

Alors qu’il est question depuis quelques jours de la tenue de possibles élections fédérales au printemps prochain, voilà que le premier ministre canadien sort de sa tanière pour, une nouvelle fois, évoquer un sujet sensible au Canada, la peine de mort, et caresser sa base électorale dans le sens du poil. Sur CBC mardi dernier, Stephen Harper a donc reconnu être pour la peine de mort « dans certains cas » – il n’a pas précisé lesquels – tout en assurant « qu’il n’avait pas l’intention de ramener cet enjeu à l’ordre du jour « dans le prochain parlement », tel que relaté dans La Presse.

Quand bien même. La sortie du PM a provoqué de très nombreuses réactions dans les rangs de l’opposition à Ottawa. Une plutôt saine unanimité pour dénoncer les propos de celui dont les positions néo-conservatrices sont, à intervalle régulier, révélées sur la scène publique. Et quand ce n’est pas Stephen Harper, l’un ou l’autre de ses lieutenants sont là pour attiser la flamme de la polémique.

Les conservateurs canadiens ont ravivé les débats autour du droit l’avortement, des droits des homosexuels ou encore des armes à feu. Chaque fois, les positions affichées ont confirmé la tendance réactionnaire de la bande à Harper.

Harper et les ultrareligieux

Un Stephen Harper dont il est confirmé depuis plusieurs années qu’il entretient des liens très étroits avec la droite ultra-religieuse canadienne. Dans un article paru dans La Presse l’an dernier, les relations entre Harper et le groupe de pression ultrareligieux Canada Family Action Coalition (CFAC) étaient évoquées sans l’ombre d’un doute. « Reconnu notamment pour son opposition féroce aux homosexuels, à l’avortement et aux juges de la Cour suprême », le CFAC avait d’ailleurs été reçu à plusieurs reprises par le premier ministre pour « évoquer ses priorités politiques ».

Les liens avec les groupes évangéliques ultra ne sont pas nouveaux et la propension de Harper à tester ces sujets sensibles non plus.

« Les conservateurs ont réussi à relancer le débat sur le contrôle des armes à feu et sur l’avortement, dans les dernières années, de façon détournée avec un projet de loi privé de la députée Candice Hoeppner, et en refusant de financer les interruptions de grossesse à l’étranger, dans le cadre du plan pour la santé maternelle du G20. »

Dans un cas comme dans les autres, Harper assure ne pas vouloir rouvrir les dossiers sur le plan législatif. Il n’empêche. L’opposition n’est pas dupe. Cité dans Le Devoir, Joe Comartin, du Nouveau Parti démocratique, dénonce une sortie « irresponsable » :

« C’est un débat dont ce pays n’a pas besoin. Bien sûr que M. Harper parle à sa base en faisant cela. Mais en définitive, cela donne de la crédibilité à ceux qui pensent que la peine de mort est acceptable dans une démocratie mature. »

Et à certains groupe religieux en particulier ?

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