Jean Coutu, un ami qui vous veut du bien ?

Pousser la porte d’une pharmacie Jean Coutu au Québec, ce n’est pas rien. Comme on se glisserait dans une église, on retire sa tuque, on la garde bien serrée tout contre sa poitrine et on progresse en silence. Pas de bénitier évidemment, mais on sent tout de même le poids de l’histoire, de l’institution. Initiales J-C. Il y a une certaine solennité à pénétrer dans ce temple de… dans ce temple de quoi au fait ?

Pour un Français de France, une pharmacie Jean Coutu, c’est une curiosité en soi, et un concept. Une pharmacie où l’on peut acheter des éponges, des fournitures scolaires, des CD, des allume-barbecues, du coca… Une pharmacie où l’on peut même venir retirer ses colis puisque Canada Post y a installé des points de dépôt.

Bon, accessoirement, une pharmacie où l’on trouve aussi de l’aspirine, des pansements, des condoms et toutes sortes de médicaments délivrés sur ordonnance seulement. Mais, c’est tellement bien fichu, chez J-C, qu’on en oublie jusqu’aux médicaments qu’on était venu acheter. Le « coin » pharmacie est au fin fond du magasin, si bien qu’en chemin, la tentation est trop grande. Oh, quel bel épluche-légume !  Mazette, une spéciale sur les tubes de colle ! On sort de là avec un tas de petites choses qui n’étaient pas inscrites sur la liste des commissions. Et pour cause. Il n’y avait pas de liste de commissions…

1,2 milliard de dollars

L’auto-médication est assez répandue au Québec. Quand on voit comment fonctionne le système de soins, mieux vaut effectivement gérer soi-même le volet « bobologie ». Dans les pharmacies en général (Pharmaprix, Uniprix, etc.) et chez Jean en particulier, les rayons dédiés aux produits pharmaceutiques sont assez impressionnants. Avec têtes de gondoles et promos pour le dernier appareil à mesurer le taux de cholestérol ou la tension artérielle. On ne parle pas ici de la parapharmacie…

Le business de la santé tel que l’a inventé Jean Coutu se porte plutôt bien. Le vieux monsieur, 83 ans, bon pied bon oeil, est milliardaire tout comme il faut. Le magazine Forbes estime sa fortune à 1,2 milliard de dollars, catégorie « self made ». Bigre. L’une des principales au Québec.

Dans son autobiographie sortie l’an dernier et qui cartonne en librairie, on apprend comment Jean Coutu, l’homme à « l’éternel sarrau blanc immaculé », a imaginé le concept de Pharma-Escompte dans les années 1960 et comment J-C les a ensuite multipliés comme les petits pains, si l’on ose dire. Du grand art. Le groupe PJC est la quatrième plus importante chaîne de pharmacies en Amérique du Nord et, dit-on, l’une des institutions dont les Québécois sont les plus fiers. 378 établissements et 17 000 salariés. Le symbole de la réussite d’un groupe familial dont les membres, le père et les fils, ne se prennent pas trop la tête. Très loin par exemple de l’image d’un Pélardeau fils, de l’Empire Québécor.

Un ami…

Et puis, il faut dire que chez Jean Coutu, on se sent un peu comme chez soi. Il y a toujours une cliente, généralement un peu âgée, pour me féliciter pour le beau bébé que je promène avec moi. « Cute, cute, cute et quels beaux yeux bleus ! » Chez Jean, on est entre amis et c’est rassurant. Ambiance (avec Xavier Nolan):

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Bon, reste que tout ça c’est du gros business et quand il est question de l’associer à la santé, j’ai toujours un peu de mal. Pour finir, je me demande tout de même comment J-C et les siens vont s’y prendre pour moderniser leur logo. Il va bien falloir qu’il se penche sur cette douloureuse question parce que les bords arrondis, là, et puis ces couleurs (bleu, rouge et jaune), c’est plus vraiment dans le coup…

Comments: 2
  • Apotheloz brigitte 3 février 2011 1 h 58

    J’ai bien ri. Merci. Quelle verve ! Quelle plume. De bon matin, en ouvrant l’ordi, ce petit clin d’oeil est le bien venue dans une maison un peu fraîche par -6 dehors à 7H du matin.

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