La mise au rebut programmée de la boîte à lunch ?
Quelle sacrée nouvelle ! En ouvrant le journal ce matin, ce titre chargé de promesses: « La Commission scolaire de Montréal veut un service de cantines ». Incroyable mais vrai. La CSDM a annoncé qu’une étude de faisabilité était actuellement en cours afin d’évaluer le coût que représenterait la mise en place d’un tel dispositif. La fin du cauchemar de la lunch box ?
L’idée de la commission scolaire est plutôt intéressante. Diane de Courcy, présidente de la CSDM, a appuyé la mise en place du Collectif de la table des écoliers (CTE), un regroupement d’une dizaine d’organismes communautaires spécialisés dans le service alimentaire, sur lequel la CSDM s’appuierait pour mettre en place ce nouveau dispositif.
La CSDM compte 70 000 enfants dans ses écoles primaires et secondaires. Des mesures existent déjà qui permettent de servir des repas aux enfants les plus défavorisés. 12 300 en bénéficient, soit 18% des effectifs totaux de la commission. Soit encore près de 12 millions de dollars consacrés chaque année pour supporter le coût du dispositif en question.
Dans le projet présenté en début de semaine, il semble donc y avoir l’idée d’élargir ce service de « cantines » à la totalité des effectifs de la CSDM, dans une démarche plutôt volontariste. Cité dans La Presse, le président du Collectif de la table des écoliers, Benoît de Guire, a par ailleurs jugé « insuffisantes » les mesures actuelles « par rapport aux besoins des élèves »:
« Ne pas manger assez a un impact majeur sur la réussite des jeunes. Notre première mission est de travailler à la mise en oeuvre d’un service de dîner dans toutes les écoles, pour permettre à tous d’avoir accès à des repas chauds et équilibrés »
Une étude de faisabilité est donc en cours, assure la directrice de la Commission scolaire. Je serais curieux de voir l’estimation chiffrée qui en sortira. On parlera probablement de dizaines de millions de dollars. Qui est prêt à sortir le chéquier ? Le gouvernement Charest ? Hum. La ville de Montréal ? Les organismes communautaires ? Les entreprises privées ? L’idée est belle sur le papier mais il faudrait beaucoup plus que de la bonne volonté pour la mettre en oeuvre.
Et on voit déjà poindre à l’horizon les charognards de la restauration scolaire dont j’ai déjà un peu parlé ici. Le spectre de la Sodexo va revenir me hanter !
Cela dit, les idées ne manquent pas: la Coalition poids par exemple suggère qu’une taxe soit mise en place sur les boissons gazeuses et énergisantes: 0,01 $ sur un litre de ce type de boissons permettrait, annuellement, de rapporter autour de 35 millions $ à l’Etat canadien. Si le Québec optait pour une telle solution, « une part de l’argent retiré pourrait servir à payer la cantine scolaire de Montréal et d’autres municipalités », a suggéré la responsable de la Coalition Suzie Pellerin.
Ce ne serait qu’une goutte de soda dans une telle entreprise, mais une goutte quand même…
En même temps, je ne me fais pas trop d’illusion. D’ici à ce que cette annonce se transforme en réalité, je ne suis pas certain d’avoir encore des enfants à l’école. Je me sais donc condamné à devoir remplir des boîtes à lunch encore un couple d’années.
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