Grand jeu concours: le Robert Junior est-il vraiment sexiste ou fait-il semblant ?

Par un phénomène totalement indépendant de ma volonté, le billet que j’ai consacré en mars dernier au Robert Junior – relire ici – est parti ces derniers jours vivre sa vie sur la grande toile globalisée. À ma grande surprise, il a été lu 18 000 fois au cours des sept derniers jours ! Il a filé sur Facebook et Twitter, bondissant de compte en compte, d’un côté comme de l’autre de l’Atlantique. En vérité, j’ai perdu sa trace assez rapidement. Le sujet  – les exemples sexistes utilisés pour illustrer de nombreux mots du dictionnaire – intéresse. C’est bien là l’essentiel.

Parmi les réactions à ce post, plusieurs personnes estiment qu’il n’y avait dans ma démonstration pas vraiment de quoi fouetter un chat (ou une chatte). Ces personnes avancent, et l’argument revient à plusieurs reprises, que les exemples que j’ai relevés permettent avant tout d’illustrer le mot au féminin. Sous entendu, il n’y a sans doute aucune arrière pensée ni rouerie dans le choix des mots. A cela, je réponds trois choses:

  1. Pour illustrer le féminin d’un mot « sans véhiculer de stéréotypes sexistes », comme le signale H. Nicolas dans le fil des commentaires, les idées ne manquent pas. Il donne d’ailleurs des exemples intéressants:  « une idée sournoise », « une personne peureuse », « une pie bavarde »;
  2. Mais surtout: pourquoi avoir choisi tout particulièrement des adjectifs qui renforcent ces stéréotypes ? Pourquoi ne pas plutôt s’en jouer ? H. Nicolas propose encore: « une fille forte », « un garçon doux ». Autre exemple avec le mot, initialement masculin, « courageux » (p 235) ? L’exemple donné par le dico: « Les pompiers sont des hommes courageux ». Aucune femme, dans l’exercice de sa profession, ne serait donc courageuse ?
  3. Si toutefois les deux options précédentes ne sont pas recevables, il reste la solution qui consiste à préciser simplement le féminin de l’adjectif sans le mettre en contexte. C’est le cas pour le mot « courageux » (p 235): « fem: courageuse ». Ok, le mot n’est pas mis en situation. Mais que vaut-il mieux ? Que son féminin n’illustre rien ou qu’il illustre un cliché sexiste ?

Sébastien Haton, lexicologue qui a commenté mon billet à plusieurs reprises, me suggère de prendre mon courage à deux mains et de partir à la chasse aux mots du Petit Robert Illustré susceptibles d’induire (ou pas) un stéréotype, pour se faire une idée plus-que-parfaite de la situation. Soyons rigoureux dans la critique sans quoi la critique ne sera pas recevable.

L’exercice en question va m’obliger à passer à travers les 40 000 définitions du dico! Je me suis dans un premier temps engagé à vérifier la lettre « A » (il faut un début à tout). Si l’exercice est concluant, je le poursuivrai. Toutefois, s’il y a des amateurs qui veulent m’accompagner dans cette experience salutaire, je suis preneur. Il ne restera environ que 38 500 occurrences à vérifier. Mais le jeu en vaut le chandelier… heu… la chandelle.

La traque aux lieux communs sexistes est ouverte.

Comments: 4
  • guillaume 26 octobre 2012 3 h 46

    Ok je relève le défi avec la lettre G (=Guillaume).
    De combien de temps disposons nous pour une lettre?

  • fanny 6 novembre 2012 1 h 48

    Un dico (sexiste) des écoliers, fermé après un buzz
    http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=14675
    des bises

  • Gamita Christine 10 novembre 2012 20 h 12

    tous les dictionnaires sont sexistes ne serait-ce que par défaut, aucun ne prend la peine d’écrire et définir « féminicide » http://susaufeminicides.blogspot.fr/2012/01/definitions-feminicides.html

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