Elections fédérales: la face de Boulerice incrustée sur la rétine

Le Canada est en campagne électorale. Déclenchées il y a deux semaines après que le gouvernement Harper a été renversé pour outrage au parlement, les élections fédérales se dérouleront le 2 mai prochain. En attendant, les partis politiques revisitent le mobilier urbain. Les faces de leurs candidats s’exposent partout. Dans le comté Rosemont Petite-Patrie, il faut être aveugle pour ne pas s’apercevoir qu’Alexandre Boulerice est candidat du NPD.

Il a l’air plutôt sympa, de prime abord, ce Alexandre Boulerice. Après avoir croisé sa face cent vingt-quatre fois entre chez moi et mon bureau, j’ai même l’impression qu’il m’est devenu familier, Alex. D’ici au 2 mai, je suis même persuadé qu’on va finir pas bien s’entendre lui et moi. Moi qui parle, sur mon vélo. Lui qui me regarde fixement, sur fond orange  (en bon Français, je cherche le sigle du MoDem sur un coin des affiches). Alex a la barbe bien taillée et un imperceptible sourire en coin. « La Joconde » du Nouveau parti démocratique s’affiche jusqu’à l’indigestion. Un lampadaire sur deux est à la gloire du bonhomme et même les chiens ne savent plus où lever la patte.

Bon, ok, nous sommes en campagne, c’est correct. Le 2 mai prochain, il n’y paraîtra plus. Mais d’ici là, il va falloir quand même composer avec le personnage. Comme je ne l’ai pas trouvé très bavard sur le trajet ce matin, j’ai essayé d’en savoir un peu plus en allant visiter son site. Alex, ai-je appris, a quatre enfants, est originaire de Saint-Jean sur Richelieu, vit à Montréal depuis vingt ans, fait du water-polo et a été journaliste il y a quelques années. Il est désormais conseiller en communications pour le Syndicat canadien de la fonction publique. Un pedigree pas si ragoutant, a priori. Pour ce qui est des idées politiques, Alex, écrit-il sur son site, est:

« Préoccupé par les questions liées à l’emploi, à la culture, à l’intégration des immigrants, au réchauffement climatique, à la recherche scientifique, au logement et aux transports en commun. »

Bigre. Je dois reconnaître qu’il y a là des préoccupations qui ne sont pas si éloignées des miennes. Alex assure même vouloir « offrir une alternative progressiste afin d’améliorer la vie des gens ». Il était déjà candidat il y a trois ans, remet donc le couvert cette année et se présente comme un sympathisant de Québec solidaire… Pas pire, comme on dit ici.

Sur la rue Beaubien, arrondissement de Rosemont Petite-Patrie.

Seul hic, Alex m’envahit. Alexandre Boulerice a remplacé la neige et Alexandre Boulerice ne fond pas. Alexandre Boulerice est partout. Il me regarde quand je sors de mon agence bancaire. Il me surprend à la sortie du métro. Il me dévisage devant la boulangerie. Il m’espionne jusqu’à la garderie de ma fille. Même ma blonde est toute chamboulée. Elle en est même venue à s’interroger sur la manière de prononcer son nom. Elle, elle le prononce à l’anglaise, avec le « Boul » légèrement « Baoul » et le « rice » comme on prononcerait « riz ». Je lui ai juste rappelé que le garçon était Québécois. Avant également de préciser que jusqu’à preuve du contraire, son patron à la tête du NPD ne s’appelait pas Jacques Laiton.

Non, le boss du NPD, c’est le sémillant Jack Layton. Cheveux blanc, moustache taillée mieux qu’un gazon anglais, Jack Layton, lui aussi, s’affiche dans Rosemont. Mais à la différence de Boulerice – en masse -, avec Layton, c’est plus subtile. Mais tout aussi voyant. Lui apparaît au détour d’un croisement sur de grands panneaux publicitaires, toujours aussi bien peigné et habillé d’une chemise bleue – ça va bien avec le blanc des cheveux – et d’une cravate. Il domine légèrement la situation et semble accompagner Alex d’une aura providentielle. Ne t’inquiète pas Alex, Jack n’est jamais très loin…

Ils sont tellement forts au NPD avec le orange de leurs affiches et leur don d’ubiquité que je suis présentement incapable de citer le nom des autres candidats en lice dans l’arrondissement de Rosemont chez les libéraux, les conservateurs et au Bloc québécois. N’y voyez-là aucune partisanerie politique. D’abord, je ne vote pas au Canada et, ensuite, il se trouve que le matraquage du NPD est, dans son genre, vraiment réussi. Une preuve supplémentaire: hier matin, en allumant mon ordinateur, j’ai reçu un message dans ma boite courriel qui m’informait qu’Alex me suivait désormais sur Twitter.

Là, je dis chapeau…

► A lire aussi: Bigras et Boulerice nez à nez dans les médias sociaux (sur RueMasson.com)

Comments: 5
  • Sara 12 avril 2011 13 h 09

    Savoureux, excellent, drôle! Merci de me mettre un sourire dans la face.

  • Walter 13 avril 2011 9 h 09

    Ben moi j’ai eu un message enregistré de Thomas Mulcair au téléphone hier hein!
    Bon, c’était pas exactement perso… Comment Boulerice a-t-il eu vent de toi? Incroyable!
    J. veut ABSOLUMENT voir A. ce week-end. Veut-il venir jouer à la maison (il y a peut-être autre chose à faire mais pas d’idée)

    Emma

  • Alexandre Boulerice 24 mai 2011 18 h 51

    Bonjour!

    Très bon papier qui m’a fait sourire. Désolé par contre d’avoir perturbé bien involontairement votre conjointe. Pour la rassurer, indiquez-lui qu’à l’école primaire, mon surnom était « boule de riz ». Cela la rassurera sans doute…

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