Mais qui es-tu, hillbilly ?
Il y a des pages Wikipédia sur à peu près tout et parfois même n’importe quoi. Cela dit, j’étais bien content de trouver celle consacrée au « hillbilly ». Idéal pour se familiariser un peu plus avec cette version américaine de ce qu’on présente comme le « péquenaud » français. Un « stéréotype sociologique » qui peut cependant prendre des formes plutôt effrayantes.
Pour bien comprendre ce qu’est le côté obscure d’un hillbilly dans la culture nord-américaine, un exemple pourrait suffire: on trouve le nec plus ultra du mauvais hillbilly dans Délivrance. Effroyable film de John Boorman où quatre copains décident de descendre une rivière tumultueuse de Géorgie et tombent sur une bande, si je m’en tiens à la définition du hillbilly selon Wikipédia, de « citoyens fortement incultes et grossièrement attachés à leurs pénates » (hum). Bon, dans le film de Boorman, les citoyens en question sont nettement plus trashs. Il y avait, d’une certaine manière, un côté freaks dans l’idée première que je me faisais d’un hillbilly.
En y repensant après coup, je me suis souvenu qu’il existait une forme « australienne » du hillbilly, là aussi assez noire. Dans le bouquin Cul-de-Sac de l’écrivain (américain) Douglas Kennedy, on trouve à peu de chose près les mêmes ingrédients dans le roman de James Dickey qui a inspiré Délivrance: nature sauvage et magnifique et demeurés de service pour vous la faire oublier. Extrait de la 4e de couv. du Kennedy:
« Sa rencontre avec la jeune et robuste Angie va le mener en plein cœur du bush. Au milieu de nulle part. Au sein d’un clan d’allumés coupés du monde, sans aucune route pour quitter ce traquenard. Nick, désormais, n’a qu’une seule obsession : comprendre ce qu’il fait là et sauver sa peau. Fuir alors que toute la communauté le surveille… »
Ah, Angie !
« Il boit du whisky lorqu’il en a… »
Pourtant, tout n’est pas aussi désespéré que dans Délivrance et aussi noir que dans Cul-de-sac. Avec les hillbillies. Même s’il a y souvent un côté péjoratif, le terme hillbilly n’a pas seulement désigné des personnes limitées intellectuellement. A l’origine, il semblerait que le phénomène s’appliquait de manière très large aux habitants des Appalaches et des Ozarks, deux régions des Etats-Unis plutôt isolées et où les habitants n’avaient pas des contacts très poussés avec le monde extérieur, pour le dire vite.
Le terme lui-même n’a pas d’origine précise apparemment. Il remonterait au début du XXe :
« According to Anthony Harkins in Hillbilly: A Cultural History of an American Icon, the term first appeared in print in a 1900 New York Journal article, with the definition: « a Hill-Billie is a free and untrammeled white citizen of Alabama, who lives in the hills, has no means to speak of, dresses as he can, talks as he pleases, drinks whiskey when he gets it, and fires off his revolver as the fancy takes him. »
Plus tard, il est décrit comme une personne peu cultivée, vivant à la campagne, souvent dans une roulotte, avec une flopée de gamins autour de lui. La littérature et la télévision ont cependant contribué à donner une image moins radicale des hillbillies que celle de Délivrance. Certes très souvent dépeint comme sauvage, il apparaît parfois comme celui qui sait, qui connaît les choses notamment de la nature et donc fait preuve d’une certaine sagesse.
L’ancêtre de la country
Si la version Boorman peut paraître extrême et si les hillbillies ne sont pas tous des types génétiquement déficients, consanguins pour le dire sans détours, et meurtriers, il n’en demeure pas moins qu’ils restent associés à l’arriéré de service. L’équivalent du « crétin des Alpes » français, le manque d’iode en moins…
Dernière acception: l’expression « hillbilly » fait également référence à un style musical, ancêtre de la musique country et héritage des traditions folks des migrants européens. Musique des blancs par opposition au rhythm and blues des noirs. « De la musique de blancs du Sud pour les blancs du Sud… »
Finalement, mettre un nom, coller une étiquette sur les barjos de Délivrance me les rend soudainement moins dangereux. Enfin, faut le dire vite… Bon, après tout, causer des hillbillies était surtout une occas’ pour reprendre le chemin de ce blog.
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c’est marrant, au début de la lecture de ce post ,et sans avoir lu la fin avant, je pensais fortement au crétin des alpes qui continue à sévir dans mon voisinage: comme quoi seuls changent les noms dans cette mondialisation galopante. Grouink.
EF
Je te dédicace donc ce post, fidèle lecteur !
merci camarade, tiens hier mon voisin hillbilly, sous un déluge dantesque, à fait tourner sa mobylette pendant une heure et quart, la pluie tombait, la roue de la M orange tournait, le ciel était gris, le hillbilly absent…quand la M s’est arrêtée ce fût une « délivrance » pour mes oreilles et pour l’environnement…
A savoir que Charlie Haden, un des meilleurs contrebassiste de Jazz, a commencé sa carrière en chantant et en interprétant des chansons Hillbilly sur les ondes radio. Période qu’il ne manque jamais de mentionner avec une certaine fierté!