« Oh my gueude ! »… de l’intégration par la langue ?
Au Québec, la VF est VO, rien de nouveau. Les Québécois parlent-ils français ? Les Français parlent-ils québécois ? Les enfants, eux, se moquent des nuances et s’en mettent plein la panse, s’imprègnent des expressions locales en tout simplicité et les reproduisent avec gourmandise. Les fins de phrases s’envolent, les intonations détonnent. Vivement que la petite dernière apprenne à parler…
Le jour des inscriptions à l’école, fin août, la directrice a demandé à mon fils s’il n’était pas « tannant », pas pénible, pas turbulent quoi. Mon fils a répondu « non », comme il se devait de le faire. La directrice sembla satisfaite (j’ai noté au passage que ma fille n’avait pas eu le droit au même traitement).
En ressortant de l’établissement, une fois la démarche administrative pliée, j’interroge mon fils pour savoir s’il sait ce que veut dire le mot « tannant ». Il me regarde en souriant: « J’ai cru qu’elle m’avait dit: « Est-ce que tu n’es pas t’un nain ? » T’un nain, t’un nain… une personne de petite taille ? Pourquoi diable t’aurait-elle posé une telle question, l’interroge-je ? Hochement de tête amusé de mon fils qui n’a pas la moindre idée du commencement du début de la réponse mais qui, n’étant pas t’un nain, a tout de même répondu correctement à la question.
C’est amusant de constater que l’oreille s’habitue assez vite aux accents. C’est amusant aussi de s’entendre prononcer certaines phrases avec une intonation québécoise. C’est un accent qui marque, d’une certaine manière. En ayant passé plus de quinze ans du côté de Marseille, je n’ai jamais vraiment pris les inflexions chantantes du sud de la France. Quelques expressions et des jurons tout au plus. L’accent québécois, lui, s’immisce très simplement dans la conversation. « C’est plate, ça ! », disent aujourd’hui les enfants quand, hier, ils auraient lâché un « c’est nul! ».
En même temps, j’ai rencontré pas mal de Français qui vivent au Québec depuis des années et même parfois des décennies et j’ai été surpris de constater que, bien souvent, ils avaient très peu d’accent.
Anglicisme toi-même
Plus curieuse est cette façon que les Québécois ont de nous faire croire que nous, Français, sommes rongés par l’anglais dans notre langage courant. Certes, nous disons « week-end » en lieu et place de « fin de semaine » et « parking » plutôt que « parc à char », si je me souviens bien… Il n’empêche. Au Canada, l’imbrication, l’interpénétration des deux langues – français, anglais – est telle qu’il est impossible que l’une ne s’imprègne pas de l’esprit de l’autre et vice et versa. Elle se déteignent dessus, forcément.
Wikipédia est intarissable sur le sujet:
Divers types d’anglicismes existent : intégraux, hybrides, sémantiques, syntaxiques, morphologiques et phraséologiques.
Mes préférés sont les « hybrides » et les « morphologiques ».
Alors que les anglicismes intégraux reprennent autant la lettre que le sens d’un mot anglais (ex. : « chum » pour « ami » et « petit-copain »), les anglicismes hybrides leur ajoutent un élément français, tant dans leur prononciation que dans leur formation (ex.: « checker » pour « vérifier » ou « regarder » et « spotter » pour « surveiller ») (…)
Les anglicismes morphologiques sont des traductions littérales d’un mot, ou d’une expression anglaise, afin de créer une expression équivalente en français et, en l’occurrence, d’y enrichir la langue. Ils intègrent ainsi l’élément temporel de l’évolution de la société dans la création de néologismes. Le modèle anglais est alors transposé en français avec le sens qui s’applique en anglais. Par exemple, selon la Banque de dépannage linguistique de l’Office québécois de la langue française (OQLF), l’expression « appel longue distance » serait calquée de l’expression anglaise « long distance call », alors que l’expression française correcte est « appel interurbain ».
Cependant, certaines expressions traduites de l’anglais peuvent parfois être tout à fait conforme à la langue française quant à la structure et au sens, comme si elles avaient été créées directement du français (ex. : « fin de semaine » pour « weekend », « dépôt direct » pour « direct deposit » et « nord-américain » pour « North American » »).
Tout éponges qu’ils sont, mes enfants, encore eux, jouent désormais au « soccer » après leur « lunch » et « kick » volontiers dans la balle en beuglant « Oh my gueude ! » lorsqu’ils marquent un beau « goal ». Et ça, ça ne s’invente pas.
Les « Mots dits » français de Java…
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Hier soir, j’ai eu droit, de la part de Lucie qui, je le rappelle, a intégré l’Ecole internationale il y a seulement une semaine à un : « Listen to me ».
Ok, go on, j’y ai répondu!
J’adore… JAVA et l’interprétation de ton garçon !