Sur les chemins enneigés de Bolton dans la lumière crue d’un matin d’hiver
J’ai déserté mon blogue. Mais il ne m’a pas manqué. Car voilà: jouer le néo-québécois qui s’émerveille chaque fois que le thermomètre flirte avec les -20 et que ses poils de pif se rebiffent, c’était devenu un peu tannant, pour ainsi dire. La vérité, c’est qu’à -20, je n’ai même plus froid. Et les poils de mon nez, je n’en ai plus rien à cirer. Gelés ou pas gelés, ils sont désormais bien installés – comme le reste de mon anatomie d’ailleurs – au Québec. Il n’y avait donc plus vraiment de raison de jouer les vièrges effarouchées dès qu’une nouveauté venait à surgir…
En même temps, c’est un peu triste comme constat: l’état d’émerveillement se serait-il aussi vite épuisé? C’est avant tout une question de point de vue. Le regard qui change. Le rythme de vie aussi. Un signe d’enracinement, d’intégration et de quotidienneté, donc de banalité. L’ordinaire a-t-il chassé l’extraordinaire? Que nenni. Je ne suis pas blasé. Que ce blogue reste inanimé est au contraire le signe qu’il se passe des tas de choses ailleurs, de l’autre côté de l’écran.
Quant à ma capacité d’émerveillement, elle est intacte. Par exemple: marcher dans la douceur d’une lumineuse journée d’hiver sur le chemin de Brill, dans la campagne de Bolton (Cantons de l’Est), ça aiguise les sens, ça donne envie de raconter des histoires. L’histoire de ce petit cimetière dont les pierres tombales portent des noms à consonance anglaise, qui sont les mêmes que ceux qui parsèment les panneaux indicateurs des chemins et petites routes environnantes. Brock, Lawrence, Allen, Whitehead… des noms qui disent un peu du passé de cette région anglophone.
L’histoire, aussi, de ces petites exploitations agricoles dont la pérennité est aujourd’hui menacée. Faute de rentabilité, certaines sont mises en vente. Granges et corps de ferme sont souvent de magnifiques legs de l’héritage anglo-saxon. Le patrimoine architectural des Cantons de l’Est est-il menacé? Toutes ces fermes seront-elles transformées en maisons secondaires pour riches Montréalais?
Je ne sais pas si les images qui viennent en rendent compte, mais ce qui est certain, c’est qu’il y a dans ces paysages d’hiver quelque chose d’incroyablement apaisant.
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Bon retour sur le blog, je me suis dit il est mort.
Il ne faut jamais cesser de s’émerveiller, même des choses banales, et il ne faut jamais cesser de marcher, surtout l’hiver dans le froid.
ef
Indéfectible lecteur, salut à toi ! On me dit que les Alpes, par les temps qui courent, sont bien plus froides que le Québec où il faisait un très agréable -6 au réveil avec un grand soleil.
Bon courage alors, même si j’ai le sentiment que le froid te sied bien…
r
tes informations sont justes, nous flirtons depuis une semaine avec les moins 20 au réveil, à 150 kms de marseille, du coup la grosse couche de poudreuse reste tout autour, et je passe mon temps dehors effectivement…
ef
ça y est, Rémi, tu es marié avec l’hiver !
Oui! Nous étions déjà un peu amants en France, faut dire 🙂
Hé Cathy, comment va ? Faut qu’on se donne des nouvelles, des vraies!
Merci pour ce cheminement en terre canadienne.
Brigitte
Je finis de te lire avec l’envie de prendre un avion dans la minute et de tourner le dos aux trois pôv flocons qui font paniquer Marseille, où tout est déjà si laborieux, parfois…Oui les paysages d’hiver sont apaisants comme peuvent l’être ceux des montagnes en toute saison
merci pour les mots et les images tout aussi parlantes
à tantôt
L
La campagne enneigée ce n’est pas qu’un spectacle, c’est aussi une sensation, celle de l’air gouleyant et frais que l’on respire comme un bonbon à la menthe et qui se fraie un chemin jusqu’au plus profond du dedans et vous laisse croire qu’il est aussi vierge que la neige immaculée.