Ma femme est une racaille
Le dernier billet sur ce blogue date un peu, avoue. C’était un temps où le mot « chaud » avait encore un sens. Depuis, il a été remplacé par l’expression « vortex polaire ». Entre les deux? Une soixantaine de degrés Celsius de différence. Et puis quelques mois aussi. Il se trouve que j’ai tout plein de bonnes excuses pour justifier une si longue absence. Mais je ne les énumérerai pas. Fait trop froid. Si j’ôte mes mitaines pour tripoter mon qwerty un peu plus longtemps que de coutume, c’est que j’ai un aveu à faire.
Pas mince. Alors voilà, je me lance: ma femme est une racaille. Après deux décennies de vie commune, je dois avouer que je n’avais rien vu venir. Comme dans un bon polar de Gillian Flynn. Le coup était presque parfait.
Bon.
Au préalable, il faut que je précise que ma femme n’est pas ma femme. Disons que pour le punch du billet et surtout pour son titre, j’ai opté pour cette nomenclature. Mais, dans notre cas, elle est inexacte à double titre. Primo, le possessif n’est pas vraiment le genre de la maison et, deuxio, le mot « femme » ne reflète pas non plus exactement notre inclinaison conjugale.
Ceci étant dit, ma femme est une sacrée racaille. Je devrais même mettre une majuscule. une sacrée Racaille. En bon montréalais, cela signifie qu’elle est juchée sur une paire de patins à roulettes, qu’elle porte un casque, un protège-dents et une jupette verte à volants qui n’est pas exactement ma définition de l’élégance (si tant est que je l’eusse un jour définie). La Racaille, appelons-la ainsi, est devenue, depuis le mois de septembre, joueuse de roller derby. Comme notre fille avant elle. Je n’ai pas encore pris toute la mesure de ce que signifie être une Racaille. En fait si, j’ai déjà pu apprécier à l’aune de la gestion remaniée de l’emploi du temps familial qu’être une Racaille demande disponibilité et engagement.
En même temps, c’est un peu le propre de tous les sports de haut niveau … La Racaille est l’une des trois équipes officielles de roller derby de Montréal. Autrement dit et pour avoir assisté à un bon paquet de « derby » ces dernières années, c’est du sérieux. Elles tassent, elles bloquent, elles mettent l’adversaire au tapis, lui roulent sur les mollets une fois à terre et si elle bouge encore, l’achèvent d’un bon coup de patin dans l’oeil… Ça niaise pas La Racaille…
J’exagère légèrement mais c’est une façon de me rassurer, hein. Imaginer le pire pour qu’il n’arrive jamais. Ce n’est pas un sport si violent, juste un peu physique.
J’avoue qu’il y a parfois des dommages collatéraux. À la maison, même sans patins, la Racaille s’entraîne. Si, par malheur j’ai la mauvaise idée de passer un peu trop près d’elle en allant à la salle de bain, bim, elle me balance un coup de hanche bien senti et je rebondis sur le bol de toilettes. À la boxe, on appelle ça un sparring-partner. Il y a aussi ces séances de push up et de squats matinales ET familiales. Sans parler du recensement des bleus, devenu rituel pré-nuiteux. Par respect pour la Racaille, je passerai sous silence les parties les plus fréquemment contusionnées.
C’est du lourd.
Reste que je languis sévère le premier match officiel. La saison reprend le 7 mars prochain et la Racaille sera officiellement de la partie. Je décapsulai quelques canettes de Pabst Blue Ribbon à sa santé et à sa ténacité. Elle l’aura sacrément bien mérité.
Allez, roule… ma poule…
Et moi c’est le 25 avril, jour de tournoi, que j’irai enfin applaudir ces sportives de haut niveau. Gardez-moi une bière!
Hé Danielle, tu ne seras pas là avant? Ça marche pour la bière en tout cas!
Moi aussi j’aimerais ça être une Racaille pour recevoir d’aussi tendres compliments. Peut-être, si j’allais au match, Rémi m’en ferais aussi à moi, un peu…
Avec ou sans patins à roulettes, Nicole, je ne suis pas avare de compliments !
bon et… c’en est où pour ta roule ta bille ? ça gagne ? ça perd ? des dents j’veux dire… j’aimerais tant voir le dentier rasta d’la racaille !
Aïe… elles perdent plus qu’elles ne gagnent, pour l’instant! Mais la saison ne bat pas encore son plein. Gorgon’Zola – c’est son nom de scène, au fait – n’a pas encore donné la pleine mesure de tout son potentiel. Mais l’été va être chaud, mon pote!
Check ça: http://mtlrollerderby.com/la-racaille/